Conçue en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, l’exposition, qui réunie un ensemble exceptionnel d’affiches issues de ses fonds, se déploie dans les grandes galeries d’exposition du musée d’Orsay. Dans un dialogue dynamique, des œuvres d’art et des objets de tout type évoqueront l’univers effervescent de la rue au tournant du siècle. Cette confrontation ne s’opèrera pas seulement dans les espaces d’exposition temporaire, mais aussi dans des salles du parcours permanent, où des affiches seront présentées à côté de peintures et d’objets d’art étroitement en rapport.

Cette plongée dans l’âge d’or de l’affiche illustrée s’intéressera nécessairement aux phénomènes sociaux et culturels qui ont favorisé l’essor spectaculaire de ce médium au cours du second XIXe siècle. Par définition reproductible, il témoigne, plus que tout autre artefact, des mutations d’une société profondément bouleversée par l’industrialisation. Au demeurant, la modernité qui éclot dans la seconde partie du XIXe siècle est principalement une modernité urbaine, la grande ville devenant son lieu d’expression privilégié. Les métropoles européennes connaissent à la fois une expansion démographique sans précédent et des réorganisations structurelles, répondant à des besoins nouveaux.

Lieu investi par l’affiche, la rue cristallise nombre de ces mutations. Sur le plan urbanistique, on repense son tracé qui s’inscrit désormais dans un plan général, du Paris d’Haussmann à la Vienne d’Otto Wagner. Plus large, plus claire, plus riche d’équipements, la rue remodelée par la puissance publique est aussi l’un des lieux fondamentaux de l’expression politique et des revendications sociales. Dangereux pour le pouvoir en place, le lieu où se déploie la publicité est « la rue toujours animée, grouillante, où se discute et se prononce le suffrage universel » (Roger Marx, Les Maîtres de l’Affiche, 1895).